Lorsqu’il est question du Venezuela, la conversation s’oriente rapidement autour
des troubles électoraux, du très controversé président Chavez et des gisements
de pétrole nationaux. Il est vrai que la population se soulève régulièrement, en
faveur de son président, ou contre celui-ci. Comme si la démocratie, la liberté
ne tenaient qu’à un fil. Une liberté conquise manu militari à l’époque
des colonies, dans le sillon du libérateur Simon Bolivar, guide de
l’indépendance, fondateur des états fédérés de la grande Colombie, héros du
continent latin. Ce n’est donc pas un hasard si le Venezuela porte le titre de
République bolivarienne.
Les Vénézuéliens revendiquent cet héritage avec
fierté. De leur passé mouvementé - la colonisation, l’esclavage, les guerres
d’indépendance, les dictatures et les crises monétaires - et de leurs origines
aux ramifications s’étendant d’Europe à l’Afrique, jusqu’au fond des forêts
vierges, est née une culture vibrante, s’exprimant le mieux au travers de fêtes
chatoyantes, telles que celle du carnaval ou de Corpus Christi. Des époques de
l’année où les Vénézuéliens aiment prendre la route pour découvrir leur propre
pays, immense, vide dès qu’on quitte les régions urbanisées, et magnifique. On
pense aux étranges Tepuys du plateau guyanais, qui inspirèrent le Monde
perdu de Conan Doyle. Ici atterrit un beau jour Jimmy Angel, pilote de
brousse américain, dont le nom baptisa la chute d’eau la plus haute du monde, le
Salto Angel. Cette chute n’est d’ailleurs pas le seul record du
Venezuela. Le mythique fleuve Orénoque se classe troisième d’Amérique latine
tandis que la région andine, culminant à 5 007 m avec le Pico Bolivar, s’est
équipée du plus haut téléphérique de la planète. Les plaines des Llanos sont
l’habitat d’espèces rares, tels que l’anaconda ou encore le capybara.
Mais la clef du voyage pour bon nombre de routards se situe tout au Nord, sur la
côte caraïbe, le long des 2 800 km de littoral aux plages de sable fin. Les îles
au large, les récifs coralliens. Les tambours de la Danse du Diable. La
siesta dans un hamac. Rhum au goulot, cigare au bec. Bienvenue dans le Tropique
du Cancer.
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